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L ' Elue 

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Chapitre 10 : Le Bien

 

        Darkness reprenait ses forces difficilement. Sa plaie était toujours ouverte, mais le bandage serré, qu'avait placé Link sur la plaie, avait réussi à bloquer temporairement l'écoulement de sang. La clone parvenait à respirer plus facilement depuis une petite heure. Quant à Dark, il faisait les cents pas dans la pièce.

- Quand va-t-il revenir cette saleté de Link avec son guérisseur ? C'est quand on a le plus besoin de lui qu'il n'est jamais là, celui-là!

- Arrête de t'agiter comme ça, lui dit Ombre. Tu me fatigues. De plus marcher ne fera pas avancer plus vite les choses. Link a toujours su trouver Sheik, il n'y a pas de raison que cette fois-ci il reste introuvable.

Dark finit par s'asseoir et posa sa tête dans ses mains.

- On ne peut pas dire que la patience soit une de tes qualités, critiqua Ombre.

- Je suis du Mal, alors patience oblige. Sinon tu risques de tout perdre en un claquement de doigt. Il faut être minutieux avant de tuer quelqu'un, ou de prendre le pouvoir. Il faut pouvoir tout anticiper, tout calculer.

- La patience est la qualité majeure d'un guerrier, peu importe qu'il ait opté pour le Bien ou le Mal, répliqua-t-elle.

- Je suis un être mauvais par excellence, et je peux te dire que si je n'avais pas fait preuve de patience en essayant de te capturer, non seulement vivante, mais en plus sans une égratignure, aujourd'hui tu serais déjà morte depuis longtemps.

- Comment ça, sans égratignure?

- C'était mes ordres. Je devais te ramener à Ganondorf, sans une seule éraflure, sinon la suite se serait sûrement mal passée. Mais de toutes les façons, elle s'est mal passée. Au lieu que ce soit moi, c'est Darkness qui a pris. Si j'avais échoué, elle n'aurait même pas vu le jour. Tout ça à cause de ce Link et de ces foutus sages. Pourquoi a-t-il fallu, qu'ils le consacrent héros du temps et qu'ils lui enlèvent tout le mal qui résidait en lui ?

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire?

Dark détacha son regard de Darkness pour le poser sur Ombre.

- Il ne t'a pas raconté hein ? Je me doute qu'il a préféré garder le secret afin que tu ne le juges pas, ou peut-être bien qu'il ne le sait même pas lui-même… Ce ne serait pas étonnant, les sages ont un don pour les cachotteries. Pour que Link deviennent héros du temps, il devait avoir un cœur totalement pur. Or dans son cœur, comme dans celui de chacun, se trouvait une part de méchanceté. Cela peut ressortir sous forme de mensonge, de colère, de cruauté, d'orgueil, tout ce qui a attrait au mauvais côté. Comme Link n'avait que sept ans lorsqu'il a été désigné, les sages l'ont plongé dans un long sommeil qui a duré sept ans. Pendant son sommeil, ils ont ôté toutes les parties noires de son cœur. Ces parties se sont ensuite assemblées pour former un nouvel être, c'est-à-dire moi. Je représente donc tout le mal que portait ce grand héros, avant son avènement.

          Ombre resta un moment interdite. Elle ne comprenait pas toute la logique des sages. Pourquoi n'avoir jamais rien dit à Link ? Pourquoi lui avoir tout caché? Les sages sont sensés êtres les représentants de la sagesse et par conséquent de la vérité.

- Je sais ce que tu es en train de te demander, continua Dark. Tu te demandes pourquoi ils lui ont tout caché ? Pourquoi mentir sur quelque chose d'aussi capital ? Pour la simple et bonne raison que s'ils lui avaient tout révélé, Link serait à l'heure actuelle perdu. Il aurait un souci d'identité, et ceci l'empêcherait de combattre correctement et ainsi de sauver Hyrule. De plus il risquerait de se rebeller, ils ne pourraient alors plus le diriger à leur guise. Or les sages sont suffisamment malins pour ne pas faire cette bêtise. Ils risqueraient de perdre leur grand héros, qu'ils ont mis sept ans à construire.

- Juste un détail, cinq des sept sages ont été libérés par Link, après ce fameux sommeil. Donc ils ne peuvent pas être tous responsables.

- Les deux restants sont les véritables responsables de ma venue, en particulier Rauru, le sage de la lumière. Zelda, à l'époque, n'avait pas conscience de se qui se passait autour d'elle. Elle a dû se charger d'assurer la protection du royaume toute seule, puisque son père ne croyait pas à ses rêves prémonitoires. Elle a laissé faire Rauru, pensant faire le bien. C'est à cause d'elle ! Tout est à cause d'eux ! Je les maudis ! Je les hais !

          Dark se leva et frappa de toutes ses forces et de toute sa haine, le vase posé sur l'étagère à côté de lui. Il éclata en milliers d'éclats qui se fichèrent dans sa main. Dark se rassit calmement sur sa chaise et entreprit d'enlever les morceaux de verre incrustés dans sa main avec une minutie et une patience angéliques. Ombre s'étonna d'un tel revirement. A peine dix secondes plus tôt, Dark ressemblait à un chien enragé, et maintenant, il était d'un calme olympien. Link arriva accompagné de Sheik lorsque Dark venait d'ôter le dernier morceau de verre de sa main. Sheik salua Ombre et Dark, puis se dirigea au chevet de Darkness. Il leur demanda à tous de sortir, mais Dark refusa. Sheik lui fit alors promettre de ne rien dire sur ce qui se passerait dans cette pièce. Ombre insista pour que Dark viennent avec eux, ne serait-ce que pour manger quelque chose.

- Non, je voudrais rester, répondit Dark. Je veux être là si jamais elle se réveille…

- Dark, tu viens avec nous, ordonna Link. Laisse Sheik la soigner. C'est comme ça qu'il réussit le mieux: dans le silence.

- Laisse le à la fin, intervint Ombre. Mais tu ne peux pas le laisser tranquille ne serait-ce que trente secondes. Il faut toujours que tu joues tes chefs comme ça ?

La jeune fille tira le héros du temps de force hors de la pièce. L'elfe ne comprenait pas. Elle ne lui avait jamais parlé aussi violemment et encore moins défendu Dark.

- On peut savoir ce qui t'arrive, demanda-t-il. Tu te comportes bizarrement depuis que je suis parti. J'aimerai comprendre si tu veux bien me donner des explications.

Pour tout réponse, Ombre embrassa Link.

- Dark ressent juste la même chose que toi en ce moment c'est tout. Il réagit exactement de la même manière que toi lorsque tu es venu me chercher dans le château de Ganondorf. Tu peux comprendre cela, même si tu le détestes.

          Link ne sut que répondre à cela. Elle avait raison comme toujours. Il l'avait bien vu que Dark avait changé. Lorsque Darkness avait été lâchement poignardé par Ganondorf, il avait vu le regard de son clone viré au rouge, exactement comme le sien lorsqu'il avait vu Dark faire souffrir Ombre. Il avait vu la tristesse et le remord qui l'envahissait lorsqu'il était penché sur Darkness. Ombre l'avait déjà compris depuis longtemps. Dark aimait sa clone. Et même si cela dépassait l'entendement, il était forcé d'admettre que c'était la plus stricte vérité. Ombre le regardait patiemment pendant tout le temps de ses réflexions et en perça le sens.

- Tu vois, tu as compris, dit-elle. Je savais que tu n'étais pas assez borné pour rester sur ta haine. C'est d'ailleurs la raison qui m'a poussée à te le dire.

          L'elfe serra son amie dans ses bras et ils restèrent ainsi pendant un long moment. Ombre brisa ensuite le silence:

- Dark entre dans le Bien.

- Tu crois qu'il sera toujours aussi cynique, ironisa Link. Mais comment as-tu pu lui pardonner tout le mal qu'il t'a fait, à toi comme à tes proches ?

- Je ne lui ai pas pardonné. Je ne sais pas si je le pourrai. Mais crois-moi, il paiera un jour, mais pas comme ça. Je lui ferai payer son mauvais côté, mais je ne veux pas détruire le bon qui commence tout juste à naître.

 

          Sheik avait passé toute la nuit à soigner Darkness. Dark avait scrupuleusement observé les moindres faits et gestes du Sheikah. S'il avait le pouvoir de guérir, il aurait pu reproduire à l'identique la technique du guérisseur. Mais malheureusement, mère Nature en a décidé autrement pour lui. Sheik sortit de la chambre au petit matin avec Dark. Ce dernier ne prononça aucun mot lorsque Link vînt s'excuser pour son comportement de la veille. Il mangea avec les autres et retourna dans la chambre où était allongée Darkness.

          Une fois dans la pièce, Dark se rassit sur la chaise qui jouxtait le lit de la blessée. Son épaule continuait de le lancer. Sheik y avait appliqué une sorte de baume calmant, soit disant pour aider à la reformation des muscles. Le baume le brûlait atrocement. Il n'imaginait même pas comment Darkness avait pu résister sans broncher à ce même baume. Il tourna la tête vers elle. Elle dormait paisiblement. Les rides de douleur qui parsemaient son visage avaient disparu. Au début lorsqu'il l'avait créé sur ordre de Ganondorf, il voyait en elle une seconde Ombre. Il s'est mis à la détester. Puis avec le temps, il vit en elle une autre femme. Elle ne ressemblait pas à Ombre. Physiquement, on aurait pu s'y tromper, mais lui, il la voyait différemment. Il n'arrivait pas à expliquer ce qui lui paraissait différent d'Ombre. Il faut dire qu'Ombre ne l'aurait jamais envoyé s'étaler contre un mur aussi bien que Darkness. Cette pensée le fit sourire, puis il laissa s'échapper son rire.

- On peut savoir pourquoi tu ris sans moi?

          Dark hésita avant de tourner son regard vers elle. Non ce n'est pas possible. Je l'imagine, se disait-il. C'est la première chose qu'elle m'aurait dite si elle avait su que…

          Darkness s'assit sur le lit et réitéra sa question. Dark n'osait même plus ouvrir les yeux pour pouvoir garder cette voix dans sa tête. Il ne voulait pas de nouveau la voir, allongée à demi-morte sur ce lit. Il préférait l'imaginer lui poser cette question avec son sourire particulier au coin des lèvres.

          Darkness parvînt à se rapprocher de cet homme avec un sourire, à demi heureux, à demi anxieux. Elle tendit le bras et réussit à attraper sa main. Dark hésita un moment avant d'ouvrir les yeux. Réelle, ou virtuelle? Je rêve ou pas?

- Non tu ne rêves pas… Allez ouvre les yeux. De quoi as-tu peur, de voir Ganondorf te sauter dessus?

Dark ouvrit finalement les yeux et vit son amie assise sur le lit qui le regardait avec ce même regard malicieux qu'auparavant.

- T'en fais une tête! On dirait que tu as vu ton clone.

          Oubliant son épaule douloureuse, il saisit Darkness dans ses bras.

- Ne me refais jamais ça! Jamais! C'est affreux ce sentiment. Ça fait tellement mal, mais en même temps on est si heureux. Je commence déjà à le détester celui-là.

- Tu sais ce que c'est? C'est ce qu'on appelle l'amour. Ce sentiment fait encore plus souffrir que la haine, mais il a aussi ses bons côtés. A toi de faire en sorte que les mauvais n'apparaissent pas. Celui-là on l'appelle le bonheur.

- Ça me parait incroyablement compliqué tout ça. Pourquoi être du Bien ce n'est pas simple? Le Mal c'est facile. Tu n'aimes pas quelqu'un, tu le tues et on en parle plus. Quand tu aimes quelqu'un, tu t'en sers comme allié. Mais le Bien c'est atroce tellement c'est complexe.

          Dark s'allongea avec elle sur le lit et la garda dans ses bras. Ils finirent tous deux par s'endormir des larmes aux coins des yeux.

 

                                                                                                                                                                                          

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